LA BIOGRAPHIE

Née en 1996, Silina Syan est initié à la photographie par sa mère dès l'enfance. Elle décide d'en faire son métier et en 2020 elle est diplômée de la Villa Arson à Nice. Depuis 2021, elle est en résidence aux Ateliers Médicis, qui l'accompagne pour le développement d'un projet de film documentaire, également soutenu par Mondes Nouveaux et l'Université Côte d'Azur. En 2023, Silina Syan est lauréate de la 5e édition du Fonds régional pour les talents émergents (FoRTE #5), en collaboration avec Artagon Pantin, et remporte également le prix Sheds de l'art contemporain. Elle présente une lecture performée au Centre Pompidou, expose au Sample (Bagnolet), aux Magasins Généraux (Pantin), lors du festival Jeune Création à Paris. En 2022, son travail est exposé à la Galerie Eric Mouchet (Paris), à POUSH (Clichy), ainsi qu'à La Villette (Paris) dans 100% L'EXPO et au 109 (Nice) à l'occasion du festival Image Satellite. En 2021, elle est en résidence à Triangle-Astérides (Marseille), et présente son travail aux Magasins Généraux (Pantin) lors du festival Les Chichas de la Pensée, à la galerie art-cade (Marseille), au centre d'art de la Villa Arson (Nice), et aux Ateliers Médicis (Clichy - Montfermeil) lors de la Nuit Blanche.

LA DÉMARCHE

Sa pratique est transdisciplinaire, oscillant entre la photographie, la vidéo et la forme documentaire. À travers des éléments issus du kitsch, du populaire, de l'ordre du motif, de la surcharge, de l'excès, et une colorimétrie dense, ses œuvres recréent un fantasme, une histoire, un récit ou un lien presque mythologique avec un nouveau lieu, celui des migrations et de l'entre-deux culturel que crée l'exil. À partir de sa propre trajectoire, entre la France, l'Arménie et le Bangladesh, le travail de Silina Syan explore les détails des rituels et des vies quotidiennes pour faire émerger des récits alternatifs et élargis de nos histoires intimes et collectives.

L'ŒUVRE

Cette vidéo est la deuxième partie d'une vidéo réalisée en 2019, nommée « Le Mariage », dans laquelle on voit son esthéticienne lui faire un tatouage au henné, tatouage traditionnel des mariages en Asie du Sud. Sa voix, en off, raconte le souvenir d'un mariage bengali à St-Denis, auquel elle a été petite avec son père, qui était un mariage par téléphone. Durant l'été 2022, elle a assisté au mariage de son cousin Sheshir, dans un restaurant bengali à Pantin. C'était également un mariage à distance, cette fois-ci avec images, grâce aux appels vidéo. Son cousin n'a pas pu aller au Bangladesh pour des raisons administratives. Elle a réalisé des images du mariage ayant eu lieu à Pantin, laissant entrevoir les images de la cérémonie à Dhaka, au Bangladesh. L'image vient ici préciser le cadre spatial.

En effet, la plupart des personnes immigrées du Bangladesh en France sont des hommes, qui viennent seuls, et qui souvent se marient avec une femme vivant au Bangladesh. Ce format les contraint à l'amour à distance (d'où le titre « Love over distance »). La multiplication des images dans les images vient ajouter une multiplication des regards, autant dans le choix de cadrage que j'ai pu faire que celui choisi par les personnes à chaque bout du téléphone. Le choix intervient ici à plusieurs échelles. D'abord autour de la question du choix de s'exiler à l'étranger, en ce qui concerne son cousin, mais qui met en tension la notion de choix et de contrainte sous-jacente. Dans le même contexte, il fait également le choix de se marier dans ces conditions particulières. Au niveau de l'artiste, elle fait le choix de représenter cette communauté dans l'ensemble de son travail. Elle choisit de narrer les récits de ces personnes, afin de représenter leurs réalités de vie, qui sont en effet très méconnues par la majorité des personnes vivant sur le territoire français. C'est aussi le choix, plus personnel, de conter cette histoire en tant que descendante d'immigré.e.s, avec un regard situé, et d'évoquer ses liens avec ces cultures d'origine, notamment sur le territoire du 93 où elle habite et travaille.

POUR ALLER PLUS LOIN

https://www.instagram.com/silinasyan

Don de l'artiste suite à l'obtention du Prix Sheds en 2023.