Parfums et savons
Dès le dernier quart du XIXe siècle, Pantin devient célèbre pour ses usines de parfumerie. Leur implantation sur le territoire de la commune se fait rapidement, à partir de la fin des années 1860, dans un contexte de croissance remarquable du secteur, qui englobe les produits de parfumerie alcoolique tels que lotions, eaux de Cologne, eaux de toilette ou extraits, et de parfumerie non alcoolique avec les pommades et huiles capillaires, les savons de toilette et les poudres parfumées.

L’extension des pratiques d’hygiène et le renouveau des techniques d’extraction des matières premières favorisent la consommation de tels articles devenus accessibles à des franges plus larges de la population. Les savons de toilette, qui comptent pour près de la moitié du chiffre d’affaires du secteur, jouent un rôle majeur dans cette démocratisation de l’hygiène où la propreté fait office de premier agent de distinction.
La banlieue de Paris s’était imposée aux parfumeurs, les usines devant s’implanter à l’écart des habitations en raison de la réglementation sur les établissements dangereux, incommodes et insalubres. La Villette sera privilégiée, tant pour des raisons de proximité avec les boutiques des neuvième et dixième arrondissements où se concentre la clientèle bourgeoise des grands boulevards, que pour bénéficier d’un approvisionnement en graisses animales, matière première fondamentale, facilité par la proximité des abattoirs. Dès 1855, Demarson, Pinaud et Piver, rejoints par la parfumerie-savonnerie Adrot en 1860 et Cottance en 1864, avaient fait ce choix.
La loi du 16 juin 1859 décrète l’annexion à Paris des communes situées entre l’ancien mur des Fermiers-Généraux et l’enceinte de Thiers. Le droit d’octroi qui pèse sur les marchandises entrant dans la ville s’étend dès lors de facto au territoire de la Villette. Or l’alcool, matière première essentielle à la parfumerie, est un produit lourdement taxé. Pour éviter de payer ces droits d’octroi sur la partie de la production destinée à la province ou à l’exportation, les parfumeurs installent ou déplacent leurs usines hors des nouvelles limites de la capitale, à Aubervilliers ou à Pantin notamment.


À Pantin, la rue de Paris (actuelle avenue Jean-Lolive) accueille en 1867 les établissements Pinaud, puis la parfumerie Cottance l’année suivante. Bourjois préfère s’établir en 1890 rue Delizy, près de la voie ferrée, tandis que la parfumerie savonnerie Adrot s’implante en 1905 rue Charles-Nodier. Quant à la savonnerie Rémy, dont l’activité perdurera plus d’une centaine d’années, elle s'installe rue Berthier aux Quatre-Chemins.
Ainsi les établissements de savonnerie et parfumerie de Pantin ont-ils joué un rôle important dans le développement de ce secteur. Des produits fabriqués par les usines Cottance, qui ouvrent aux plus modestes l’accès à des articles de parfumerie bon marché, aux mondialement célèbres N° 5 de Chanel et Soir de Paris, fabriqués dans les usines Bourjois, en passant par l’invention du savon à coins arrondis, œuvre de Pinaud et Meyer, la petite et la grande histoire de la parfumerie s’est écrite en partie à Pantin.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la brochure La naissance de la parfumerie à Pantin au XIXe siècle