Patrimoine industriel
Le paysage pantinois, encore rural à l’époque, a été bouleversé par l’industrialisation au cours du XIXe siècle. Usines et manufactures s’installent alors de façon extensive sur le territoire. Le mouvement de désindustrialisation dans la seconde moitié du XXe siècle entraînera des mutations importantes de ce bâti, progressivement reconnu comme patrimoine.
Grands Moulins
9 rue du Débarcadère
1880-1882
1923 / Eugène Haug, architecte
1945-1948 / Léon Bailly, architecte
reconversion en 2007-2009 / Reichen et Robert, architectes
En 1880, Abel Stanislas Leblanc, un minotier de la Brie pionnier de la mécanisation, achète un terrain de la ferme du Rouvray et y construit un moulin équipé de vingt-quatre meules alimentées à la vapeur, dont l’activité débute en 1882.
Après son décès l’année suivante, son fils Abel Désiré Leblanc crée avec le meunier Duval la Société des Moulins de Pantin. La minoterie est réorganisée dès le milieu des années 1880 selon le procédé de mouture hongroise, c’est-à-dire le broyage des grains dans des cylindres et non sous des meules.

En 1889, le moulin est ravagé par un incendie. Les propriétaires reconstruisent le site à neuf, en augmentant sa capacité de production. En 1894, la machine à vapeur qui alimente le moulin est remplacée par un moteur à gaz pauvre, une première mondiale.
En 1915, le site produit 600 quintaux de farine par jour et se place au septième rang pour l’approvisionnement de la capitale.
Après la Première Guerre mondiale, la stagnation de la production céréalière française, la lenteur de sa mécanisation, la croissance de la demande urbaine et par la suite la cherté des grains, encouragent la concentration de l’activité meunière. Après divers legs et achats, l’un des principaux acteurs de cette évolution, la Société anonyme de Strasbourg - Port du Rhin fonde en 1921 la société des Grands Moulins de Pantin-Paris dont elle devient actionnaire majoritaire.
L’architecte strasbourgeois Eugène Haug est désigné pour restructurer le site industriel. La construction débute en 1923 par le moulin, à l’ossature en béton armé ignifuge et à la maçonnerie en brique blonde, suivi d’un silo à grains de 10 000 quintaux. En 1924-1925, un beffroi d’inspiration médiévale et orné d’horloges, culminant à 47 mètres de haut, est érigé. Il est muni d’un réservoir d’eau au sommet, qui alimente le système anti-incendie.
En 1926, la construction de la chaufferie marque l’introduction de l’électricité dans le processus industriel. La chaudière provient de l’usine Babcock et Wilcox de la Courneuve.
En 1927, les ingénieurs Zublin et Perrière conçoivent les premières travées d’un silo de 70 000 quintaux, augmenté en 1933-1934, ce qui porte alors la capacité de stockage à 130 000 quintaux. L’édifice en béton armé paré de briques est surmonté d’un étage carré et coiffé d’un toit à croupes abritant des élévateurs.
L’ensemble est complété par la construction du quai ferroviaire en 1930 et d’une « boulangerie », avec son laboratoire et son école en 1933.

Dans la nuit du 19 au 20 août 1944, les Allemands font sauter une péniche remplie de mines, au pied des moulins, occasionnant des dégâts importants. Lors du combat avec les Forces française de l’intérieur (FFI) qui suit l’explosion, des tirs nourris d’obus incendiaires touchent les bâtiments. L’intervention des pompiers est ralentie par les combats et le feu se propage largement.
Très endommagé par l’incendie, l’ancien magasin à farine est rasé et reconstruit par l’architecte Léon Bailly, qui restaure aussi le moulin, les silos et la chaufferie.
Dans les années 1950, de nouveaux bâtiments sont conçus : une semoulerie de cinq étages en béton armé et parement de brique (1952), des ateliers et des garages, un laboratoire et des bureaux (1958-1960). La décennie suivante voit la construction de nouveaux silos.
Le déchargement des péniches s’effectue par aspiration pneumatique, permettant des performances remarquables.
De 6 000 quintaux par jour en 1948, la minoterie atteint une production journalière de 15 000 quintaux en 1981 ; l’usine, troisième minoterie française, emploie jusqu’à 300 à 400 ouvriers au plus fort de l’activité.
Entre 1970 et 1990, les Grands Moulins, contraints d’augmenter leur productivité face à la concurrence des coopératives sur les marchés à l’exportation, et menacés par la baisse de la consommation de pain en France, s’engagent dans la boulangerie industrielle avec la marque Baguépi, automatisent la production et réduisent les effectifs.
Repris par le céréalier Soufflet au milieu des années 1990, l’établissement cesse son activité de meunerie en 2001, puis l’ensachage en 2003.

Le cabinet Reichen et Robert est choisi pour mener la transformation du site, sous la direction de l’architecte Jean-François Authier, en un ensemble de 50 000 mètres carrés de bureaux. L’objectif est de réhabiliter et mettre en valeur les éléments architecturaux les plus intéressants et d’y associer des bâtiments neufs de taille et volume modérés.
La silhouette du site est conservée, avec les trois tours, les grandes toitures à pans brisés et le transbordeur. Les passerelles sont également rénovées et assurent la liaison entre les différents corps du bâtiment. L’ancienne salle des machines est encore visible au milieu de l’édifice. Les pavés et les rails sont réutilisés dans la cour intérieure, afin de conserver une trace du passé.
BNP Paribas Securities Services installe ses 3 000 collaborateurs dans les Grands Moulins en 2009.
Magasins généraux
1 rue de l’Ancien-Canal
1929-1931 / Louis Suquet
reconversion en 2016 / Frédéric Jung, architecte
En 1899, la Chambre de commerce de Paris, consciente du rôle majeur du canal de l’Ourcq, exprime le souhait d’établir à Pantin un bassin avec « des magasins appropriés à chaque nature de marchandises […] sans remplir aucune formalité d’octroi ». Il faut attendre trente ans pour que la mise en eau du bassin ait lieu, en 1929, dans le cadre d’un ambitieux projet d’élargissement et d’approfondissement du canal afin de le rendre navigable pour les grands chalands.
Le port est creusé à sec. L’ancien canal est remblayé et sur son emplacement sont édifiés deux magasins, qui entrent en activité début 1931. Ils stockent des produits variés : céréales, machines, automobiles, charbon, papier de presse… Les marchandises sont libres ou en douane, la Chambre de commerce étant concessionnaire de l’entrepôt douanier ; cela impose d’isoler des étages ou des parties d’étage.
Les deux entrepôts, d’une surface utile de 41 000 mètres carrés, sont constitués d’un empilement de six plateaux identiques, desservis par des coursives extérieures, en porte-à-faux sur les quatre façades, qui dotées de grues mobiles servaient au chargement des marchandises.

L’équipement moderne vise à mécaniser la manutention : grues de quai pour décharger et charger les bateaux, grues électriques de toit pour les wagons et les voitures, grues électriques monorails au rez-de-chaussée et suspendues au premier pour la manutention intérieure. À l’extrémité d’un des deux magasins, le dispositif est complété par un ascenseur, un grand monte-charge et quatre toboggans. Un système pneumatique permet d’aspirer les grains en vrac et de les distribuer vers les étages où des cloisons mobiles organisent la partition au gré des besoins.
L’ossature des bâtiments est en béton armé. Le constructeur a pris soin d’augmenter la taille des poteaux au fur et à mesure que l’on approche du soubassement, comme s’il s’agissait d’exprimer la transmission des efforts et des surcharges dans le squelette de l’édifice. En façade, l’effet produit est singulier puisqu’à chaque niveau, la section des poteaux change. Au rez-de-chaussée, de puissantes piles supportent tout le poids de l’édifice et de son contenu, tandis qu’au dernier niveau les piles sont amincies et laissent davantage de place aux éléments de remplissage en briques polychromes et aux surfaces vitrées. Par ailleurs, plus la hauteur sous plafond s’élève, plus la hauteur sous plafond des étages diminue.

L’opposition de la municipalité au maintien du fret routier en cœur de ville et la vétusté des bâtiments conduisent les entrepôts de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP) à cesser peu à peu leur activité au début des années 2000. Les installations sont rachetées en 2004 par la Semip, société d’aménagement de Pantin, afin de créer un nouveau quartier. Il est décidé de conserver les magasins, marqueurs forts du paysage et témoins d’une histoire constructive et économique.
Peu à peu, le lieu désaffecté devient un haut-lieu du graff, avant d’être réhabilité par Nexity pour l’investisseur Klépierre qui a déjà son futur locataire, l’agence de publicité BETC.
Jung architectures est choisi pour diriger le chantier de reconversion, qui doit concilier deux approches. L’une, patrimoniale, maintient la poésie brute de la peau du bâtiment. L’autre, contemporaine, promeut un aménagement adapté aux nouveaux usages de travail.
La conservation des rythmes et des matières des façades est le premier élément de la proposition architecturale. Les allèges, seuls éléments décoratifs avec leurs modénatures de brique, sont en partie maintenues.
L’architecte Frédéric Jung veut également souligner le caractère « balnéaire » de l’édifice. Ainsi, l’ensemble des coursives, soit 1,4 kilomètre, est conservé, permettant l’extension des espaces de travail.
Enfin, les inscriptions au flanc des poutres, les numérotations au sommet de certains piliers et quelques graffitis sont préservés.
Le rez-de-chaussée est largement ouvert sur l’extérieur et rassemble les espaces accessibles au public : commerces et salle dédiée aux événements culturels. Entre les deux magasins, un passage à la toiture transparente ouvre sur le ciel et permet une grande porosité sur l’environnement proche. Le pavé au sol est continu entre extérieur et intérieur et la façade est à forte dominante vitrée.

Les étages sont quant à eux réservés à BETC et aux entreprises et indépendants invités par l’agence. Du deuxième au quatrième étage, les bâtiments ont été évidés en leur centre. Ces vides permettent de répondre aux exigences en matière de ventilation, rafraîchissement et désenfumage naturel. Ils permettent la pénétration de la lumière au cœur de cet ensemble massif de 35 mètres de large. Cette faille est aussi l’occasion de créer des espaces paysagers qui lient les bâtiments. Le squelette du bâtiment reste visible depuis ces cours intérieures tapissées d’une peau contemporaine en mélèze et largement vitrée. Dans les espaces de travail, les collaborateurs de l’agence de publicité n’ont pas de bureaux attitrés ; ils choisissent entre différents types d’espaces et de mobilier : grandes tables dans les espaces ouverts, coins calmes, petites salles de réunion, tables hautes…
Les toitures sont végétalisées. Des terrasses accessibles partiellement y sont aménagées le long des mezzanines sous les éléments de voûtain béton conservés. Les éléments techniques (pompes à chaleur et panneaux solaires) y sont également disposés.
Pour en savoir plus sur l’histoire des Magasins généraux, vous pouvez visionner notre film Cargo fantôme
Pouchard
1 rue du Cheval-Blanc
1947-1990 / principalement Louis Corlouër et André Pouchard, architectes
reconversion en cours / Leclercq et associés – ECDM – Moatti-Rivière, architectes
Francis Émile Pouchard fonde en 1927 une manufacture de tubes en acier et achète à cette fin un établissement industriel rue du Centre (actuelle rue Jules-Auffret). L’usine qu’il établit succède à la manufacture de tubes Jamar frères, elle-même installée en 1926 sur le site de l’entreprise Calliat qui y fabriquait des ressorts depuis les années 1860.
En 1947, le site s’avère trop petit et les établissements Pouchard s’implantent rue du Cheval-Blanc, dans une zone aux infrastructures propices au développement des activités. Durant vingt ans, l’entreprise acquiert des parcelles à Hachette, aux transports Jeannot, à la Société d’importation du sapin et à celle du chêne, pour atteindre au milieu des années 1960 une emprise de 3,4 hectares. L’édification des bâtiments est elle aussi progressive, en mêlant réemploi de bâtiments existants et constructions neuves.
L’entreprise est spécialisée dans l’étirage de tubes en vue de leur redimensionnement (en diamètre et en longueur), d’abord à chaud sur le premier site, puis à froid rue du Cheval-Blanc. Les principaux clients viennent de l’industrie automobile et ferroviaire.
La plus grande halle, jumelée, est construite en plusieurs tranches entre 1950 et 1954, par l’architecte Louis Corlouër. Cet édifice exceptionnel au regard de sa taille, est constitué d’une structure métallique dont la hauteur dépasse 18 mètres. Des briques – pleines sur la partie basse et creuses en haut – remplissent les vides entre les poutres métalliques. Ces dernières, massives, supportent par ailleurs les ponts-roulants servant aux déplacements des tubes d’un poste de travail à un autre, selon les différentes phases de l’étirage à froid. La couverture de tuiles comporte des lanterneaux, apportant un éclairage zénithal naturel.
La seconde halle, plus modeste, sert de lieu de stockage des tubes lorsque l’activité de négoce est développée. Construite en 1964 par André Pouchard, elle prolonge les quatre nefs métalliques conservées de l’entreprise Jeannot. Sur un des côtés, une rangée de locaux accueille le personnel administratif jusqu’à la construction d’un bâtiment de bureaux en 1990.
Installées dans un environnement urbain, ces halles sont un lieu d’intense activité industrielle. Le bruit des tubes, à forte résonance, est une véritable nuisance sonore.
À cela s’ajoutent les approvisionnements et livraisons, qui transitaient par train jusqu’à la fermeture de l’embranchement particulier en 2001 et, dans une moindre mesure, par camion.
Au début des années 2010, l’entreprise familiale – Francis Paul puis Francis Serge ont succédé au fondateur – voit son activité diminuer. Elle quitte Pantin en 2016 pour s’installer à Mitry-Mory.
Le site des usines Pouchard fait l’objet d’un projet de reconversion porté par l’opérateur immobilier Alios Développement. Sous le nom des Grandes-Serres, la friche industrielle est transformée en un ensemble de 86 000 mètres carrés mixant tertiaire, acteurs culturels, restaurants, services partagés et commerces.
La halle principale est réhabilitée par l’agence Moatti-Rivière. Ouverte au public, elle abritera des espaces de restauration et de coworking, l’académie de musique classique Jaroussky, un auditorium de 300 places et des lieux d’exposition.
Les autres bâtiments sont démolis et laisseront place à des immeubles de bureaux neufs, imaginés les agences Leclercq et associés et ECDM.
Végétation et agriculture urbaine tiendront une place importante sur le site. Par ailleurs, les Grandes-Serres seront à terme reliées à l’autre rive du canal par une passerelle.
Cité des métiers Hermès
1 allée des Ateliers
1992 / Constantin Voyatzis et Pierre Siegrist, architectes, et Rena Dumas, architecte d’intérieur
restructuration et extension en 2010-2013 / RDAI, architecte
En 1992, les ateliers de fabrication de la maison Hermès déménagent du faubourg Saint-Honoré vers Pantin l’ensemble de la maroquinerie, permettant au sellier de doubler sa surface et de rationaliser sa production.
L’installation se fait sur l’emplacement de l’ancienne distillerie Vernhes. Le bâtiment principal, conçu par Constantin Voyatzis et Pierre Siegrist, est doté de cinq niveaux – trois d’ateliers et deux de bureaux – disposés autour d’un patio central qui diffuse une lumière naturelle grâce à une verrière zénithale et au traitement des façades en escalier. L’architecte d’intérieur Rena Dumas est chargée des aménagements intérieurs, afin de rendre cohérents les lieux de production et de détente des salariés.
Quinze ans plus tard, Hermès souhaite s’agrandir et confie la restructuration du site à RDAI Architecture, l’agence fondée par Rena Dumas. Entre 2010 et 2013, quatre bâtiments sont construits et trois existants sont rénovés. Une rue piétonne est ouverte pour desservir ce nouvel îlot qui se glisse dans un tissu urbain hétéroclite.
L’harmonie entre les nouveaux bâtiments et les existants se fait par la création par le paysagiste Louis Benech de cinq jardins thématiques qui évoquent, sur plus de 6 000 mètres carrés, l’univers du voyage intrinsèquement lié au sellier.
L’ensemble de 26 000 mètres carrés accueille ateliers, bureaux, restaurant, crèche, salle de sport, aires de stockage et de logistique, salle d’exposition, parkings souterrains. 1 200 collaborateurs d’Hermès travaillent sur place.
Les bâtiments sont sobres, parfois massifs, souvent monochromes. Chacun se fond dans les tonalités du quartier avec ses façades de briques gris-rosé, brunes ou blanches, percées de hautes fenêtres verticales et couvertes d’un grand toit de zinc à facettes. De légères et très nombreuses vibrations accrochent et perturbent le regard : les briques sont texturées, moulées à la main, légèrement décalées dans leur alignement, parfois émaillées et brillantes ; les fenêtres ont des tableaux de profondeurs variables, en brique ou en tôle colorée ; les garde-corps ont un barreaudage irrégulier ; les toits sont pliés de façon étrange, comme de l’intérieur, sans suivre des pentes régulières et classiques. Ces réinterprétations tissent un lien subtil entre le patrimoine industriel, avec ses matériaux emblématiques, et l’architecture contemporaine.
Une fois à l’intérieur de ces bâtiments qui n’hésitent pas à mettre en scène les conditions de confidentialité et de sécurité qu’ils remplissent – par les grilles décoratives qui ornent toutes les ouvertures du rez-de-chaussée – l’accent est mis sur la lumière, la transparence, la fluidité. Largement vitrés, les bureaux et les ateliers regardent vers le jardin, par des jeux de balcons filants en coursives et de mezzanines ; parfois ce sont des cours et des patios intérieurs qui se dévoilent aux usagers.
Chacun des quatre bâtiments exprime à sa manière sa dualité. Côté rue, un visage urbain qui exprime la pérennité, une idée de force et de masse ; côté intérieur, place à la transparence, à la légèreté, à l’intimité.
Livrée en 2013, la Cité des métiers Hermès a reçu le Prix de l’équerre d’argent l’année suivante.
Ateliers Diderot
62 rue Denis-Papin
restructuration en 2023 / Agence Block, architecte
La Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) et l'agence d'architecture Block ont livré en 2023 un ensemble dédié aux filières de l’éco-construction, de la ville verte et de l’économie circulaire, installé dans une ancienne usine des années 1920 rebaptisée Ateliers Diderot. Le lieu réunit un hôtel d'entreprises, destiné à des structures matures, et une pépinière pour les très petites entreprises artisanales émergentes relevant de l’économie sociale et solidaire.
Le site accueillait précédemment une société de production de transformateurs et tableaux de distribution électriques, la Société française de matériel électrique (SFME), remplacée en 1970 par l’entreprise de traction et signalisation de réseaux ferrés Jeumont-Shneider, puis par les sociétés de mécanique générale Firmeca, CER et EFOP. Entre 2016 et 2019, dans une opération caractéristique de l’urbanisme transitoire, il a été investi par le collectif Soukmachines pour proposer soirées festives et activités artistiques, sous le nom de Halle Papin.
Le travail architectural a consisté en une simplification, une réparation et une réactivation de l’existant, un ensemble composite d’entrepôts et de bâtiments de bureaux en brique, afin de révéler les qualités esthétiques et fonctionnelles du site (grande hauteur, volumes) avec notamment la réhabilitation des halles existantes. L’éclairage zénithal provenant des verrières de toiture et les surfaces vitrées des ateliers garantissent une bonne luminosité.
Le projet s’articule autour d’une rue intérieure abritée de la pluie, qui lie les différents bâtiments et accueille des espaces partagés : des salles de réunion et de coworking, un Fab Lab équipé de machines de création, une matériauthèque, un espace événementiel et un restaurant ouvert sur le quartier.
L’agence Block a choisi d’allonger le bâtiment d'accueil et de bureaux par des extensions reprenant le vocabulaire de la façade historique en brique mais en optant pour une couleur plus neutre.
Le projet a également permis de désimperméabiliser la parcelle existante, très minérale, par l’intégration d’espaces paysagers participant à la gestion des eaux de pluie.
Hôtel industriel
100 avenue du Général-Leclerc
1987-1989 / Paul Chemetov et Borja Huidobro, architectes
Le programme de l’opération comprend un centre d’activités polyvalent, un hôtel, un immeuble de bureaux et un parking souterrain, se déployant sur une superficie de 67 000 mètres carrés. Il manifeste la volonté politique de maintenir des activités professionnelles en milieu urbain, dans la lignée de l’histoire industrielle de la commune.
Les architectes Paul Chemetov et Borja Huidobro optent pour des matériaux industriels tels le bardage et les charpentes métalliques afin de maintenir un coût de construction modéré.
Le bâtiment est composé de quatre corps disposés autour d’une cour centrale qui permet le stationnement et les livraisons. Cette cour distribue par des escaliers des coursives sur trois niveaux, desservant les locaux d’activités. Ceux-ci sont répartis sur des plateaux portés par une ossature mixte en acier et béton et peuvent être redivisés en lots de tailles variées selon les activités.
L’organisation intérieure reflète une stratification horizontale : le premier niveau accueille de petites industries, le deuxième des activités industrielles plus légères, le dernier est quant à lui réservé au tertiaire.